Tuesday, June 23, 2009

Recette express!

La semaine dernière, je suis allée dans un village près de Dédougou appelé Bomborokuy. Là-bas, je vivais chez une productrice de bissap’s, membre de l’UGCPA. Le but de mon séjour était de mieux comprendre leurs réalités quotidiennes. Je passais donc chaque journée (ou presque) avec une productrice différente. Chez l’une d’entre elle, j’ai eu la chance d’apprendre la fameuse préparation du tô. Le tô est au Burkina un des plats les plus mangés. La plupart des burkinabés en raffolent (un peu comme notre tourtière québécoise!). Le tô peut-être préparé à partir de plusieurs céréales : petit mil, maïs, sorgho ou de haricot. Une fois prêt cela ressemble à une purée mais solide. On y rajoute une sauce (il y tellement de sauces différentes!) et on déguste.

Mais pour arriver jusque-là, certaines étapes s’imposent (pour moi c’était du tô de petit mil):

1- Prendre du petit mil que l’on aura soigneusement fait pousser l’an dernier

2- Écraser le petit mil pour en faire sortir les graines dans un pilon
3- Nettoyer les graines pour en enlever les impuretés
4- Écraser les graines pour en faire une farine, toujours dans le pilon
5- Tamiser pour enlever (encore!) les impuretés
6- Allumer le feu et y mettre la marmite
7- Diluer la farine dans un peu d’eau, mettre dans la marmite
8- Rajouter la farine et mélanger avec énergie, jusqu’à l’obtention d’une pâte épaisse
9- Laissez refroidir un peu et dégustez avec une sauce!

J’ai essayé de mélanger lors de l’ajout de la farine….c’est à peine si j’ai réussi à faire bouger la cuillère en bois! Tout cela aura pris quelques heures à faire et beaucoup d’énergie! Pour se rendre au champ, on y va le plus souvent en charrette, sinon en vélo ou à pied. Pour obtenir une terre prête au semis, il faut d’abord enlever les arbustes qui ont poussés depuis les dernières récoltes. Après seulement trois arbustes, je suis obligée de m’arrêter car j’ai déjà trois grosses ampoules sur la main. Tout le monde rigole…ils ont bien raison! Je ne sais décidément pas faire grand-chose : ni le tô, ni ça! Après cela vient le labour, fait le plus souvent avec un bœuf ou des ânes.
Les parcelles entourent le village et chaque espace libre est utilisé pour cultiver. Comme les agriculteurs ne peuvent agrandir leur champ dû au manque de place, ils doivent donc en augmenter le rendement. Donc après avoir fini de nettoyer sa parcelle et de labourer, il faut faire les lignées de poquets (petit trou) avec la daba. Les hommes font les poquets et le reste de la famille verse du fumier dans les poquets. Après la première grosse pluie, on viendra semer juste à côté des poquets rempli d’engrais. La terre étant plus riche grâce au fumier, heureusement la graine pousse!

Au village, on attend que la pluie pour commencer à semer. Alors, on continue de préparer les parcelles pour n’avoir plus qu’à semer une fois la pluie tombée. Cette année, les météorologues ont prévu une année déficitaire pour la pluie. Et cela se ressent ici car tout le monde me dit que d’habitude la pluie est déjà là. Cela montre bien la vulnérabilité des producteurs ici…S’il n’y a pas la pluie, le champ a beau être prêt et super bien fait, rien ne pourra pousser. Et dans ce genre de situation, le gouvernement ne soutient pas les producteurs avec des subventions. Donc non seulement sa récolte, source de revenue, est perdue mais il n’a aucune sécurité financière.
De plus, la plupart des agriculteurs ne savent pas exactement quel est le profit qu’ils font. Le Conseil à l’Exploitation Familiale est donc un outil que les agriculteurs peuvent utiliser, avec l’appui d’un conseille, pour suivre, évaluer et mieux gérer leur parcelle. Un exemple : Un agriculteur possède une grande parcelle de salade et cette année il a pu semer sur une plus grande superficie. Mais arrivé, le moment des récoltes, il n’avait pas prévu qu’il ne pourra tout récolter avec l’aide de sa famille et perd donc les salades qu’il n’a pas pu récolter. Peut-être aurait-il pu prendre une main d’œuvre supplémentaire ou bien ne pas tout semer en une fois mais plusieurs pour pouvoir récolter à différents moments.
Le CEF est un outil qui permet de réduire la vulnérabilité des producteurs.